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Camp de Miellin (Haute-Saône, près de Belfort)
7 juillet 2013

La petite Maria, résumé d’un pèlerinage.

Le 17/06/2013, je partais avec Maman sur les traces d'un passé commun. Celui des "refujiados". Oh rien de bien extraordinaire. Juste un épisode: Celui de l'arrivée en France. Ce que maman nous a raconté (c'est un bien grand mot), est la vie perçue et vécue par une enfant de 6 ans.
J'ai fait quelques recherches, dans beaucoup de directions, puis, le 16/09/2012, je "tombais" sur le blog de l'amicale du camp de MIELLIN... Une association de réfugiés et d’enfants de réfugiés qui ont vécu eux aussi cette Histoire. Nos parents ont fait plus de chemin que ce qu'ils leur reste à faire. Ils s'en sont bien sortis et peuvent tous être fiers de leur parcours... Ce n'était pas gagné !!! Chapeau bas !
 
Ce résumé ainsi que ce diaporama sont le fruit d’un travail personnel et privé, sans aucune prétention, sans valeur HISTORIQUE. Ce n'est qu'une partie de notre mémoire. Les impressions, le ressenti, quelques réflexions se sont révélées sur les sites, sur les lieux…
 
Depuis tout petit, nous entendions Maman et son frère ainé, parler de leur arrivée en France. Ils parlaient du camp, de PLANCHER LES MINES..... De leur long "voyage", de leur vie d'errance et de misère le long des routes de l'exode. D'une oreille distraite j'écoutais... Tellement distraite qu’il me semblait que PLANCHER LES MINES et le camp ne formaient qu'un...
Les années passant la même question de maman sur SA famille d'accueil revenait sans cesse... Finalement, je jetais une bouteille à la mer avec l'espoir d'une réponse, si succincte fut-elle... La réponse, quasi immédiate, a tout activé. Les souvenirs maternels, les courriels avec Sylvie, le premier contact téléphonique entre Maman et Aurélia. En parallèle l'idée germait (à l'insu de Maman) de lui faire la surprise : L'emmener en Haute Saône.
 
17/06/2013
18 heures passées, après une longue journée de route. Au détour d'un virage, dans un souffle Maman me dit : C'est là ! La pression monte. Le paysage bien que profondément changé parle à la petite Maria. Quelques instants passent, nous nous recueillions devant la stèle…
Quelle émotion ! Vraiment indescriptible ! Bien trop personnelle !
Nous traversons la route, laissons le soleil encore brulant de cette très chaude journée, sans doute la plus ensoleillée et la plus chaude depuis le début de cette année 2013, et suivons la main courante dans la forêt. II y fait sombre. Rien ne laisse supposer qu'un bâtiment, que la ruine d'un camp s’y trouve. D'un coup, un mur de pierres grises apparaît. Elle est là ! Tout d'abord diffuse, encore masquée par les arbres, sur son parterre de mousse et de troncs pourris. Maman avance, 74 ans se sont écoulés, elle me commente "la visite". Elle a ses yeux de 6 ans, se retrouve dans le vif de ces années 1939 à 1941. Des anecdotes reviennent. Des faits, des descriptions, des détails de leur vie quotidienne remontent en surface. Etrangement tout est calme, pas un chant d'oiseau, pas un bourdonnement, même pas de vent dans les arbres, rien...
Nous contournons le bâtiment, un murmure, le clapotis du ruisseau anime enfin les lieux. Le déversoir des tinettes... Sur l'autre rive, les terrains maintenant recouverts d'arbres, où des ados avaient semé quelques graines pour améliorer l'ordinaire.
Nous remontons en silence. Ce silence lourd, pesant des "fantômes" qui viennent de se réveiller, des brimades subies, des disparus... Qu'il est bon ce soleil, il adoucit les souvenirs !
Au sortir du bois, il apparaît clairement que les autorités voulaient cacher ces réfugiés. Non par pudeur, mais pour enfouir les idées qu'ils pouvaient véhiculer. L'endroit, loin d'un axe routier, au bord d'un ruisseau en contrebas d'une petite route qui mène à un fond de vallée, éloigné du village, où l'on sait que personne ne viendra... J'ai l'amer sentiment que si les internés avaient été des prisonniers de droit commun, ils auraient été mieux traités et considérés...
Quel contraste avec l'accueil de PLANCHER en  Février 1939 où la population avait hébergé certains enfants squelettiques pour les nourrir : 6 mois après ils avaient grossis...
 
18/06/2013
8 heures, nous découvrons MIELLIN que maman ne connait pas. Elle n'est jamais sortie du camp, sauf pour le transfert vers celui du Pont de la Dame prés d'Aspres sur Buëch dans les Hautes Alpes...
9 heures 45, une voiture s'arrête Carmen, ses frères Manuel (un an en 1939, interné à MIELLIN) et André en sortent. Les présentations faites, toute de suite une chaleur, une compréhension, un même vécu, un sentiment de... d'appartenir à la même famille. Oui c'est cela, aussi surprenant que cela soit, nous nous connaissons depuis 10 minutes et déjà tant de souvenirs communs. Assis à l'ombre, les impressions, les histoires s'entrechoquent, se complètent…
Puis nous nous rendons chez  Monette. Là aussi quel moment chaleureux. Elle, villageoise de toujours, dont la mémoire est si précise, nous fait partager de sa douce voix ses souvenirs, ses doutes, ses regrets. Le temps s'est arrêté ce matin. Nous prenons congé,  allons chez Janine et Guy. Un même et chaleureux accueil, il est midi passé, nous nous reverrons ce soir à 18 heures...
Nous voici attablés autour d'une délicieuse tarte aux myrtilles que Guy et Janine ont faite. Là aussi nous parlons des sombres années de MIELLIN, Guy nous parle de sa mère, des réfugiés, de l'interdiction de s'approcher du camp (même des années après...). Ah oui, et comment se fait-il que les enfants n'y allaient pas ??? Bien simplement parce qu'il leur était dit qu'il y avait des maladies graves : le typhus... Avec de tels arguments, il est clair que la population ne se risquerait pas aux abords du camp, très fortes les autorités !!!
 
19/06/2013
9 heures, nous entamons la montée pour le col de BELFAHI.  Il faut que maman voit cette route, qu'elle se "rapproche" de son frère ainé. En effet, mon oncle âgé de 10 ans l'avait empruntée, (une "balade" de 3 jours quand même, dans les bois, nuit à la belle étoile... à pied évidement!!), pour se rendre à PLANCHER LES MINES et ramener du ravitaillement dont sa famille avait besoin. Le bouillon servi quasi quotidiennement étant trop peu nourrissant. Bilan, à son retour le gardien le gratifie de 3 jours (peut être plus) de mise à pied sans nourriture !!! Ma Grand mère Pascuala disait que la situation s'était améliorée avec l'arrivée des Allemands !!!!... Mais, ajoutait-elle, ce fut de courte durée !
11 heures 30, Nous arrivons à PLANCHER LES MINES. Une halte à la mairie où les deux secrétaires, qui ont les sens de l'accueil, nous reçoivent avec beaucoup de prévenance et d'attention (merci à elles, l'hospitalité est bien une tradition locale, comme dans le souvenir de Maman...). Retour vers MIELLIN avec un détour à la stèle pour un dernier recueillement. Un crochet chez Monette pour lui dire au revoir. Nous papotons encore et encore… Partir de MIELLIN n'est pas si facile, nous sommes piégés, nous y passerons une nouvelle nuit !
 
20/06/2013
C'est vraiment le départ ! Petite pause chez Janine et Guy pour un au revoir. Nous restons silencieux. Nous laissons des amis...  ainsi qu'un lourd fardeau refoulé depuis des décennies par Maman...
Nous avons rendez-vous à 14 heures chez Lionel et Francine. Lionel est le petit fils de la famille d'accueil de Maman. Nous ne nous connaissons pas. Seulement 2 ou 3 contacts téléphoniques lors de la préparation du Voyage... C'est peu ! Pourtant,  c'est le but initial de ce voyage : Dire toute sa gratitude, tout ce qu'elle n'a pas su, pas pu dire à Sa famille d'accueil !! La bouteille à la mer du 16/09/2012... Cette bouteille qui nous a conduit à l'amicale, à ces contacts électroniques nombreux,... à tout ce que nous venons de vivre, c'était dans ce but...
Là aussi l'accueil, la simplicité entourent ces (re)trouvailles. Nouvelle décharge émotionnelle Lionel, Francine son épouse et Laurent leur neveu, nous mettent de suite à l'aise. Très vite nous avons l'impression de nous connaître depuis des lustres !!! Ils nous consacrent du temps alors qu'ils réalisent de gros travaux. Au détour d'une conversation Francine me dit que ses grand parents André et Berthe TANQUEREL ont également accueilli des refugiés espagnols à VIEUX CHARMONT dans le DOUBS. L'enseigne "La  fraternelle" semblait toute indiquée !!!
Nous partons, là aussi avec une boule au cœur!  Quel bonheur que ces deux heures partagées entre souvenirs, collation, confidences, humour...
 
Ce résumé, un peu long sans doute, ne pouvait-être plus concis. Il y a bien trop d'émotion. Seules les montagnes ne se rencontrent pas... Quoique, depuis quelques mois, la question se pose.... Même le soleil estival a adouci les sombres souvenirs.
 
Merci, à tout ce réseau mis en place, à toute cette énergie déployée, à cette chaleur, à cette fraternité, cette disponibilité...
Merci à Annick mon épouse.
 
Amicalement
 
Helios & la petite Maria.

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