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Camp de Miellin (Haute-Saône, près de Belfort)
19 décembre 2011

Poème de Ramon Safon (interné à l'âge de 10 ans au Camp de Miellin) - Arrels de soca i mar

ARRELS DE SOCA I MAR - RACINES DE SOUCHE  ET MER

à Olga SERRATE,
la neva companya.

Ningù més fora del crit esqueixat de la joia d'ésser
espai clar. Eixit de tota veu de font llunyana aquest lloc és
tan nostre com la sàvia que l'envolta, encara que del seu cos
s'escorrin el seny segur  de la mar i la conducta queixosa de la
nit. També hi ha, encenent la seva mel histèrica per fondre
els passos esclaus dels rius, el vent fins a les onades mortes.
I molts altres cops contra la foscor, d'alè mouen la vida.

Aixi

anem estenent hàlits de ressaca, urpats de rel en creu, pels estols
de pedres ferides. Anem, xacra en dins, sense refiarse de la
inftexio explosiva d'aquest continent fluvial que panteixa de
roca en proa, acefàlic com un cel d'aigûes estancades. Gairebé
iniciem la boira per on cau tot l'horitzo eruptiu que ja empre­
nem, mal el jorn. Hem de referir-nos al recurs del cos, riera
mal apagada de la sang; hem de néixer encara estridents de
terra amb un gruix d'estel que ens faci foc. Hem de viure molt
més enllà de la passio dels penyals arrencant la olor dels brots
rebutjats per la optica opulenta del mon.

Guaita com per avall de tot cinyell desenfoca la blavor
ubérrima de la veu. Excepcio feta del decreixement incisiu de la
costa al ixent,res més ens porta foc amunt.


Racine de souche et de mer
à Olga SERRATE, ma compagne.

Jamais plus personne hors du cri rompu à
la joie d'être souche claire. De toute voix d'aube
lointaine, cette terre est aussi nôtre que la sève
qui l'emprunte encore que de ses pores
s'écoulent la franche raison de la mer et la conduite obtuse
de la nuit. Ainsi du vent jusqu'aux vagues mortes
brisant son miel hystérique pour y fondre le pas
esclave des fleuves. Et beaucoup d'autres élans
encore contre 1'ombre meuvent la vie. De même
l'haleine des ressacs grugée d'écueils en entraille
par les étais des galets blessés. Aussi nous voilà,
lèpre au cœur, sans voir l'inflexion explosive de
ce continent fluvial qui halète de roche en proue,
acéphale comme un ciel d'eau dolente. Et à peine
initie-t-on la brume du  côté  où  tombe tout
horizon éruptif que déjà s'évase à nos pieds
le jour incompris. Seul notre corps, ressource de
lave, se réfère aux clauses de la vie, torrent mal
éteint du sel. On se doit alors de naître bien plus
strident de grève que  jamais sur des carnes
d'étoiles pour qu'elles reprennent nos souffles et
les fassent vivre. On se doit d'accoster bien au-
delà des appels, arrachant l'odeur des bourgeons
que l'optique du monde rejette.
Regarde d'en dessous les étaux, la bleuité
impeccable des sarnes, et vois comme déferlent
sur des races de treuils les pentes des émaux.
Exception faite de la décroissance incisive du
littoral au levant, rien d'autre ne nous menace
face au soleil.

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