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Camp de Miellin (Haute-Saône, près de Belfort)
22 février 2012

Hospitalité des habitants d'Héricourt - 4 mars 1939 (Le Socialiste de la Haute-Saône)

Les Espagnols à Héricourt

Pour la deuxième fois, des réfugiés espagnols sont des hôtes.
"Lorsqu'il a été question de leur arrivée, le maire qui ne disposait plus du local utilisé précédemment, a essayé d'en trouver un aitre. Rien de ce dont il disposait ne pouvait être aménagé de façon convenable. Il a alors prévenu M. le Sous-préfet de Lure que la commune consentirait tous les sacrifices pécuniaires qui lui seraient demandés, mais  qu'il se refusait à parquer comme un bétail, n'importe où et n'importe comment, des malheureux qui n'avaient déjà que trop souffert.
Des démarches faites en dehors de lui ont amené l'offre du "Vieux Château", qui présente les garanties d'espace et les possibilités d'aménagement désirable. Le maire a alors accepté de grand cœur l'installation des réfugiés. Un Comité d'accueil, dont on ne saurait trop louer le dévouement et le savoir faire, s'est formé sous la présidence de Mme Désoroux. Grâce à son action conjuguée avec celle de la Municipalité, quarante victimes de la guerre, femmes et enfants de 10 jours à 14 ans, ont été installées dans un local comprenant deux vastes dortoirs, un réfectoire, une petite salle pour les lavages avec eau, gaz, électricité, fourneaux, lits de fer, draps propres et literie chaude.
Les femmes font le repas du matin et du soir avec le lait et les légumes qui leur sont donnés. Le repas substantiel de midi est préparé à la cantine des écoles maternelles et apporté tout chaud par le concierge.
Aucun appel n'a été fait à la population. Mais les enfants des écoles d'Héricourt et de Saint-Valbert ont apporté un camion de linge, vêtements, chaussures, jouets, friandises. De petites sommes d'argent ont été remises au maire ou au Comité d'accueil par des gens quelquefois très pauvres. Pour varier l'ordinaire, l'un offre des lapins, d'autres des desserts. Des dons sont venus même des villages voisins…
Bref, les réfugiés espagnols n'ont pas reçu ici l'aumône qui permet de ne pas mourir de faim, mais l'hospitalité qu'on donne à des amis malheureux, la sympathie dont on entoure ceux qui ont souffert. De retour chez eux, ils pourront dire que la France, et en particulier la petite ville où ils ont été reçus, les ont accueillis fraternellement sans leur demander leur parti ou leur couleur, et que, pour leur faire oublier les jours d'horreur qu'ils ont vécus, des Français, des Héricourtois, de tous les partis et de doutes les situations, ont uni leurs efforts.
Ici, déjà, ils témoignent, comme ils le peuvent, leur satisfaction d'avoir un "chez eux" et leur reconnaissance à ceux qui le leur ont procuré.
Félicitons donc tous ceux et toutes celles qui nous aident à donner un peu de douceur dans l'exil. En particulier, signalons avec reconnaissance le dévouement d'une habitante de Belfort, Mme Jean Dreyfus, espagnole d'origine, qui, spontanément, a offert ses services à la présidente du Comité d'accueil et a apporté, chaque jour, aux réfugiés, en même temps que le réconfort de la présence d'une compatriote, vêtements, denrées alimentaires et gâteries recueillis par elle.

E. GRANDJEAN

Liste des réfugiés républicains espagnols accueillis en 1939 à Héricourt

HERICOURT_L

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