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Camp de Miellin (Haute-Saône, près de Belfort)
9 juin 2013

Visite d'Antonio FERRAN à Miellin

Voici un petit texte qui accompagne les photos prises lors de notre venue à Miellin ce 10 mai 2013 et qui vous permettra de mieux connaître mon histoire à travers ce témoignage.

Je suis Antonio FERRAN, né à Barcelone en 1930 et domicilié à Castres dans le Tarn.
En 1939 ma mère, ma sœur et moi-même réfugiés républicains espagnols, étions internés au Camp de Miellin, nous y sommes restés 1 an et demi et avions séjourné auparavant au "château de Maizières" en arrivant en train de Vesoul.

Il y a 11 ans, en août 2002, je suis venue avec ma famille en Haute-Saône (Maizières, Lure, Vesoul...), pour refaire le parcours et chercher des traces de ce passé et notamment à Miellin où j'ai pu retrouver difficilement à travers l'épaisse forêt d'alors, l'endroit où étaient le camp et ses murs, avec l'aide d'une habitante résidant en face, avec qui j'avais longuement parlé et qui ne connaissait pas l'histoire de ce camp, aucune trace n'étant mentionnée à cette date, ce qui l'avait frappé et avait promis d'en parler au Maire.
Il y a 2 ans environ, l'Amicale du camp de Miellin dont je suis adhérent aujourd'hui, m'a contacté et j'ai appris qu'une stèle en mémoire des réfugiés espagnols avait été élevée à Miellin (je ne l'ai su qu'après, hélas).
Nous sommes revenus ma famille et moi, le 10 mai 2013, afin de voir cette stèle.
C'est avec une grande émotion et peine encore toujours présentes aujourd'hui, que j'ai déposé une composition florale dont 13 roses rouges dédiées à ma sœur aînée Carmen, décédée de faim à l'âge de 13 ans dans ce camp, j'avais alors 9 ans et demi.
Nous sommes descendus revoir la fabrique dans la forêt, qui a été dégagée aujourd'hui, et avons cueilli quelques plantes et ramené des pierres en souvenir.
Mes souvenirs de petit garçon à l'époque sont encore très précis aujourd'hui. De mémoire, j'ai dessiné un plan précis du camp de l'époque.

Comme en 2002, nous avons pris des photos avec ma femme, Antonia FERRAN (née ALLOZA), elle-même réfugiée espagnole avec ses parents, frère et sœurs (au camp d'Amiens), mes 3 filles Olga, Régine, Lydie, petite-fille Oria et gendre, Rachid.

Je voudrais remercier M. et Mme Colle et leur fils Francis qui nous ont chaleureusement accueilli ce jour-là grâce à Monsieur le Maire de Miellin qui nous avait communiqué leurs coordonnées, et à l'Amicale qui garde ce lien vivant.

Ce retour dans ce lieu est un témoignage à ma sœur Carmen, comme je l'avais fait à mon père, Barnabé, décédé de la dysenterie à Fanjeaux (Aude) et pour lequel j'avais fait graver, il y a quelques années, une plaque de marbre au cimetière de Fanjeaux, en sa mémoire et celle des autres réfugiés avec lui - mon père et ma sœur n'avaient pas eu de sépulture - et à ma mère, Paulina, décédée de maladie en 1968 et qui repose au cimetière de Castres.

Avec toute mon amitié, Antonio Ferran et sa famille.

CARMEN 2

CARMEN1

STELE GERBE CARMEN

CARMEN RUBAN

 

 

RUBAN DETAIL

 

 

FERRAN ANTONIO2

FERRAN ANTONIO

ANTONIO ET ANTONIAFAMILLE COLLE ET FERRAN

FAMILLE FERRAN

FAMILLE FERRAN2RUISSEAU-LAVOIR

RUINE

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Commentaires
F
Bonjour Antoine, je viens de te lire avec beaucoup d'émotion. Maman m'a beaucoup parlé de Miellin. Elle y avait été aussi et moi-même j'avais visité ce triste camp. Maman a beaucoup écrit et dans ses écrits elle parlait de Miellin. Je suis depuis longtemps cette Amicale du camp de Miellin et j'avais montré ce site à Maman ainsi que la liste des refugiés concernant notre famille. Je vous embrasse.
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R
Merci Antonio, pour ce beau et émouvant témoignage. Merci de partager avec nous ce petit morceau de ton histoire personnelle, de ta mémoire, pour qu'elle soit aussi un peu la notre et ainsi prendre le soin de l'entretenir, car nous avons le besoin et le devoir de faire en sorte qu'elle ne tombe jamais dans l'oubli, mais encore de le rendre sa juste place dans la société. Amitiés.
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