Miellin 1939 - Famille ARRUGA CONTINENTE
Carmen Arruga et sa sœur Rosa, nées à Vellila (Sarragosse), alors âgées de 12 et 14 ans, ont été internées au camp de Miellin en 1939 (enfants de républicains espagnols). Elles vivent actuellement en Touraine et ont gardé beaucoup de souvenirs de cette triste époque. Pedro, le fils de Carmen, a pris contact avec l’amicale grâce au blog. Nous publions son témoignage.
Bonjour
J'ai questionné ma mère à ce sujet mais cela la bouleverse beaucoup et je dois le faire à "petite dose" et le plus extraordinaire est que sur l'une des photos de votre blog elle a reconnu d'autres membres de notre famille.
En effet la personne debout tenant un enfant dans les bras n'est autre que sa sœur ainée Tomasa (elle a 95 ans aujourd’hui) et elle tient dans ses bras sa petite cousine Célia alors âgée de trois ans. Car il y avait dans ce camp également ma grand-mère Placida Continente Arruga, sa sœur Rosa Continente épouse Laborda avec 4 enfants en bas âge Ramon, Tomasa, Jose et donc la petite Célia (cette famille est installée dans le Poitou). Cette photo fut prise le jour de leur arrivée à Gray à la prison désaffectée avant de partir à Miellin.
Ma mère se souvient de ces enfants affamés qui s'échappaient et faisaient la manche devant l'église et la boulangerie, ces enfants malades morts là -bas ou transportés à l'hôpital et cette jeune femme retrouvée gelée au bord du torrent.
J'ai étudié le passé de mon père décédé en Juillet dernier aragonais aussi interné au terrible camp de Vernet (Ariège) mais j'avoue que ma mère portait ce douloureux passé en elle (pudeur féminine ?).
Bientôt retraité j'aurai le temps d'analyser tout cela.
Ma tante Tomasa avait pris un peu en main la confection de ces maigres repas tellement c'était mauvais, peut être votre mère se souvient ?
Courage à vous et à votre famille car il est important que les gens sachent qu'avant les camps nazis, les goulags staliniens, en France on interna des femmes, des enfants, des vieillards, dans d'épouvantable conditions. C’étaient des enfants innocents premières victimes du fascisme, c'étaient nos parents.
Amitiés et courage.
Pedro-Delio
José Arruga, Carmen Arruga, Placida Continente, Tomasa Arruga et Rosa Arruga ont quitté Miellin après quelques mois d’internement (photo prise le jour du départ).
Grâce à l'aide financière apportée par le restant de la famille (grand-père et frères) qui travaillaient dans des fermes en Normandie, elles avaient pu acheter des vêtements corrects pour les rejoindre (les personnes internées devaient justifier revenus et logements pour pouvoir quitter le camp).
Le calvaire de la famille Arruga Continente allait continuer malheureusement avec l'arrivée de la deuxième guerre mondiale, qui les surprit en Normandie et engendra un nouvel exode vers le sud.